Portrait de Mylène Niedzialkowski, fondatrice de la maison Georges

Mylène Niedzialkowski a suivi un parcours atypique. Après une enfance bricoleuse, elle embrasse une carrière dans le social avant de lancer Georges, une maison d’édition de mobilier et d’objets dont le best-seller, Pale, cache une collection riche et vertueuse.

Comme tant d’adolescents, Mylène Niedzialkowski a dévoré les romans d’Agatha Christie sans savoir que la romancière lui inspirerait plus tard son best-seller… Depuis son lancement à Maison&Objet en janvier 2018, le succès de la suspension Pale ne se dément pas avec 200 exemplaires écoulés chaque semaine. Mais derrière cet objet se cache une collection protéiforme et fabriquée localement par l’équipe de Georges, la marque que la créatrice a fondée dans le sud-ouest de la France, à Méritein (Béarn).

Une success-story qui se bâtit depuis une dizaine d’années, à la naissance de son premier fils, d’abord autour de l’univers de l’enfant. « Au début de cette aventure, rappelle-t-elle, j’ai développé des choses que je savais faire avec des matières premières que j’avais sous la main : des couvertures que j’ai cousues moi-même, des petits serre-livres en bois ou des pommes cubiques fabriqués par mon voisin… »

La maison d’édition de décoration Georges, créée par Mylène Niedzialkowski, présente ses lignes de décoration à Paris et à Bayonne. Au showroom parisien, la créatrice reçoit ses clients, particuliers ou architectes. Une maison d’hôtes à louer, La Maison argile, est également mise à disposition pour s’immerger dans l’univers de Georges.
La maison d’édition de décoration Georges, créée par Mylène Niedzialkowski, présente ses lignes de décoration à Paris et à Bayonne. Au showroom parisien, la créatrice reçoit ses clients, particuliers ou architectes. Une maison d’hôtes à louer, La Maison argile, est également mise à disposition pour s’immerger dans l’univers de Georges. DR

Depuis son enfance, Mylène Niedzialkowski coud, tricote et brode. Il y a dix ans, lorsqu’elle décide de se reconvertir dans la déco après une carrière dans le social, elle se forme à l’école supérieure d’art et de design des Pyrénées, à Pau, aux techniques d’impression, qu’elle adapte au tissu : sérigraphie, linogravure… Tout un panel qu’elle mettra au service de sa future marque. Un agent lui propose alors de présenter sa collection pour enfants au Salon du meuble de Milan. Elle a alors 30 ans et le succès de cette première expérience l’engage à élargir son offre aux adultes, mais toujours dans l’idée de tout fabriquer sur place, avec de la matière première locale. « Parfois, bien sûr, nous faisons des exceptions lorsque nous utilisons, par exemple, le rotin d’Indonésie, précise-t-elle. J’ai bien essayé d’en faire pousser moi-même, mais il ne s’adapte pas à nos climats… »

Son coton tissé en Normandie, teint sur place avec un colorant à l’eau, contient quelques solvants : « J’ai donc trouvé comme alternative une teinture à base d’argile pour laquelle nous sommes en train de faire des tests », poursuit-elle. Cette préoccupation, elle l’applique aux objets qu’elle dessine elle-même dans un style très décoratif qu’elle associe à du mobilier plus brutaliste, issu lui aussi de ses propres croquis. Chaises en laiton et vannerie, banc, tabouret ou canapé en chêne aux lignes ultra-pures et aux assemblages très simples, chaise ou banquette en aluminium : « À vrai dire, ce mobilier radical me ressemble plus que Pale, c’est pourquoi j’ai imaginé Pensée, une version un peu plus dans l’esprit de mes luminaires. »

Aujourd’hui, Mylène Niedzialkowski règne sur un petit empire de quarante personnes et navigue entre plusieurs adresses : un showroom à Bayonne, où elle a installé son bureau créatif et l’espace pour ses prototypes et expérimentations, qui tient aussi lieu de boutique ; un autre showroom à Paris, où elle stocke et reçoit ses clients ; elle a aussi inauguré une maison d’hôtes cachée qu’elle a « entièrement meublée de pièces chinées, qui ont été fabriquées par Georges ou réalisées sur mesure, comme une banquette recouverte de tissu japonais issu de vêtements de travail ». Certaines sont aussi des expérimentations avant édition.

Le château de Méritein, dans le Béarn, abrite le site de production de la marque. Celle-ci s’appuie sur un travail artisanal usant de matériaux naturels locaux. / A droite, showroom parisien.
Le château de Méritein, dans le Béarn, abrite le site de production de la marque. Celle-ci s’appuie sur un travail artisanal usant de matériaux naturels locaux. / A droite, showroom parisien. Mathilde Desmaison

Mais le vrai siège de Georges, c’est le château de Méritein, le site de production de toutes les collections et où l’entreprise est installée depuis juillet 2020. Ici sont, par exemple, fabriquées les dames-jeannes en fil de lin armé, entièrement tressées à la main, ou les pétales des fameux luminaires Pale, constitués d’un arceau de laiton sur lequel est tendue une toile à beurre de coton peinte à la main avec un mélange de pigments naturels.

Cette collection, Mylène Niedzialkowski et son équipe vont l’étoffer dans les semaines qui viennent : « Des lampes de table que je dessine et dont je réalise le prototype depuis un an, mais aussi une ligne de vaisselle et une de carrelage. J’ai suivi une formation en céramique il y a très longtemps et je rêvais de faire du grès, c’est donc un aboutissement très important pour moi. » Ancrée dans son époque, Mylène va également éditer des papiers peints qui reprennent les formes de ses objets, un bel hommage à ceux qui ont fait l’identité et le succès de Georges !