Cuisine : Revol réveille la céramique

Revol s'allie à des designers qui ont un attrait pour la matière. En résulte des collections d'art de la table ancrées dans leur époque.

Cette manufacture familiale née en 1768, labellisée « Entreprise du patrimoine vivant », défend le savoir-faire en plaçant le design au cœur de sa stratégie, comme avec Ferréol Babin dernièrement. Rencontre avec Olivier Passot, le dirigeant de Revol.


Portrait d’Olivier Passot, dirigeant de Revol et collection « Yli » par Ferréol Babin, volontairement proposée qu’en deux versions : blanc émaillé ou noir brut, mais elle propose de nombreux contenants, parfois étonnants, comme le pichet, la coupe cabosse ou l’assiette pelle, qui invitent à s’approprier la vaisselle à sa guise.
Portrait d’Olivier Passot, dirigeant de Revol et collection « Yli » par Ferréol Babin, volontairement proposée qu’en deux versions : blanc émaillé ou noir brut, mais elle propose de nombreux contenants, parfois étonnants, comme le pichet, la coupe cabosse ou l’assiette pelle, qui invitent à s’approprier la vaisselle à sa guise. Adel Fecih ; Romain Guittet

IDEAT : Défendre la création française, est-ce chose aisée dans le secteur des arts de la table ?

Olivier Passot : C’est passionnant d’être à la tête d’une entreprise qui a deux cent cinquante-quatre ans d’histoire et de savoir-faire. Bien sûr, il faut faire face à des difficultés de tous ordres : géopolitiques, épidémiques, douanières… Je suis entré dans l’entreprise en 1999 et, deux ans plus tard, la Chine a adhéré à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), avec pour conséquence la fin de toute barrière douanière et un déferlement de produits concurrents. Mais, comme pour la navigation, il faut savoir faire face aux éléments et c’est ce que nous faisons.

IDEAT : Être fabricant, est-ce un avantage pour y parvenir ?

Olivier Passot : Oui, c’est une chance inouïe, car nous possédons de grandes connaissances et une proximité avec le site de fabrication, ce qui nous donne de la flexibilité. Nous expérimentons beaucoup, nous misons énormément sur la recherche et développement (R&D), l’innovation et le design. La seule façon de procéder est de produire de nouvelles textures, finitions, formes, et donc aussi d’accompagner les nouveaux usages.

Ferreol Babin est le designer qui a conçu la dernière collection de Revol, « Yli », et un passionné de matière et d’artisanat.
Ferreol Babin est le designer qui a conçu la dernière collection de Revol, « Yli », et un passionné de matière et d’artisanat. romain-guittet

Pourquoi intégrer des designers dans ce processus ?

Ils sont un élément du rouage, et un élément important ! Nous aimons travailler avec des designers qui ont un attrait pour la matière, qui s’intéressent aux processus de fabrication, aux techniques. C’est le cas de Ferréol Babin, qui vient de signer la collection « Yli ». Il façonne tout lui-même, sans approche académique, avec une grande sensibilité. Il s’est approprié la céramique en inventant ses propres outils, en construisant ses méthodes… Le résultat est une gamme proposée en pâte céramique noire brute, notre matériau signature depuis 2006, et en porcelaine émaillée blanche, avec des contenants nouveaux, comme la cabosse ou l’assiette pelle, dont chacun peut s’emparer en les utilisant comme il le souhaite.

Envisagez-vous une suite à « Yli » ou d’autres collaborations ?

Tout à fait, nous voulons continuer le travail avec Ferréol Babin et explorer de nouvelles voies. Je peux aussi vous annoncer une collaboration pour le premier trimestre 2023, cette fois avec Inga Sempé, dont j’apprécie énormément l’univers et l’approche.