Dans les coulisses de Degrenne qui a révolutionné les arts de la table

La réputation de la porcelaine de Degrenne n'est plus à faire. Décryptage.

En plus de révolutionner les arts de la table dans la France de l’après-guerre avec des couverts en acier inoxydable, Degrenne a choisi d’unir son histoire à celle de Limoges et de sa célèbre porcelaine. Dans sa manufacture de la Haute-Vienne, acquise en 1988, la maison née en Normandie perpétue un savoir-faire qui a vu le jour il y a plus de deux cents ans.

Deux siècles de savoir-faire

Le décor graphique de la collection « L Perles de rosée » évoque les petites gouttes d’eau d’une fraîcheur matinale. Photo de droite : Sensuelle, la gamme « L Couture » a pris pour inspiration les défilés de haute couture. Une vraie dentelle.
Le décor graphique de la collection « L Perles de rosée » évoque les petites gouttes d’eau d’une fraîcheur matinale. Photo de droite : Sensuelle, la gamme « L Couture » a pris pour inspiration les défilés de haute couture. Une vraie dentelle. Degrenne

À l’origine de tout, il y a la très heureuse union de trois roches : « Le kaolin, puisé dans les gisements près de la cité limougeaude dès le XVIIIe siècle, le quartz et le feldspath », explique Bruno Lamande, responsable de la manufacture à Limoges. Une fois combinées, elles donnent naissance soit à un liquide, soit à une pâte semi-molle ou à une poudre. Ces trois mélanges prennent ensuite le chemin de l’usine Degrenne, où s’affairent une trentaine d’artisans, regroupant plusieurs générations. Les matières sont utilisées en fonction des pièces souhaitées.

Ainsi, la théière Salam, véritable icône de la maison, « sera coulée dans un moule en plâtre, détaille Bruno Lamande, avant de sécher à l’air libre ou dans un séchoir ». Quant à la pâte semi-molle, elle sera travaillée par un calibre pour devenir un bol, une tasse ou encore un saladier. Enfin, plats et assiettes naissent de la compression de la pâte séchée en granulés, dans un bruyant ballet ordonné par les machines, sous l’œil affûté des ouvriers. Ces derniers reprennent la main pour les étapes de garnissage et de finition. Anses, boutons et becs sont alors associés aux pièces grâce à un coup de pinceau avisé de barbotine.

Une main assurée

Après un premier passage dans un four vient le temps de l’émaillage. Les pièces sont plongées dans un bain d’émail, qui leur offrira leur aspect brillant, lisse et imperméable. « Un geste qui mérite une main assurée et expérimentée », souligne Géraldine Hottier-Fayon, présidente de Degrenne, pour répartir une fine couche régulière de matière sur toute la surface de la porcelaine.

Enfin, place au « grand feu », une étape durant laquelle la céramique passe une seconde fois au four, à 1 400 °C. Les pièces vont alors perdre 14 % de leur volume pour prendre leur forme définitive et quitter leur aspect gris pour revêtir une robe extra-blanche. Un vernis immaculé qui sera habillé par des émaux, des couleurs vitrifiables ou encore des métaux précieux, à l’image de la collection « SD ONE OR », pensée par l’architecte et designer Sylvain Dubuisson, et ornée d’une bande en or posée à la main. Un savoir-faire long à acquérir et qui fait la réputation de la porcelaine signée Degrenne.