Tendances 2022 : les totems s’invitent dans le monde du design

À la fois spirituelles et décoratives, les formes totémiques s'invitent dans tous les intérieurs.

Depuis quelques mois, designers et artistes sont de plus en plus nombreux à s’inspirer de ces pièces en bois sculptées présentes dans différences sociétés traditionnelles pour protéger un clan. Les oeuvres sculpturales d’AAMA Design, Inès Mélia ou encore Timothée Leclabart transforment ces totems énigmatiques en oeuvres accessibles à exposer chez soi. Décryptage de l’une des tendances les plus fortes de l’année 2022.


Les totems ludiques de AAMA Design

Trois modèles compose la collection «Ciluzio», le modèle Piccolo, Medio et Grande.
Trois modèles compose la collection «Ciluzio», le modèle Piccolo, Medio et Grande. DR

Au premier coup d’œil, les couleurs de cette série rappellent l’esprit de la bibliothèque Carlton du designer Ettore Sottsass. Avec leur silhouette longiligne, les luminaires de la collection Ciluzio imaginés par AAMA Design ont des airs de totems multicolores et s’adaptent à tous les intérieurs.

Les cylindres et les plateaux – conçus à base d’une éco-résine appelée jesmonite – transforment cette lampe en un objet multi-usage. Les rayures du pied de lampe se déclinent en neuf teintes, allant du blanc chaux au rouge corail. Côté éclairage, la lumière tamisée enveloppe l’espace d’une chaleur réconfortante.

Fabriqués à la main par des artisans polonais et français, les luminaires Ciluzio mêlent verre opalin soufflé et béton. Ils peuvent être conçus sur mesure et produits à la demande.


Les totems spirituels de Jimmy Delatour

La collection «Totems Brutalistes» du designer Jimmy Delatour.
La collection «Totems Brutalistes» du designer Jimmy Delatour.

À la frontière entre le spirituel et le mystique, les totems brutalistes de Jimmy Delatour s’inscrivent dans une intemporalité esthétique.

En 2017, neuf ans après l’obtention de son diplôme à l’ESAG Penninghen, Jimmy Delatour se lance dans la conception de mobilier. Le designer est alors approché par la galerie américaine Studio TwentySeven avec qui il imagine la collection «Totems Brutalistes.»

Réalisées à partir de blocs de marbre et d’onyx et d’une méthode de fabrication appelée «usinage numérique», les sculptures du designer prennent la forme de micros-architectures chimériques. Les architectes Louis Kahn, Jean Prouvé ou encore Tadao Ando ont inspiré ces jeux de construction qui rendent hommage au mouvement moderne.

«J’ai parfois voulu garder un côté bariolé pour me rapprocher des totems amérindiens et parfois rester dans les tons gris afin de conserver un lien plus fort avec l’architecture» explique Jimmy Delatour. La texture singulière de ces pierres dévoile une palette chromatique intéressante.

Derrière chaque nom – Unu, Knu, Aon et Nok – se cache un caractère symbolique : «Un totem peut être une représentation terrestre d’un esprit, d’une force, d’un élément naturel ou d’une déité […] Chacun comporte une petite cavité fermée par une pièce de laiton dans laquelle il est possible de placer un morceau de papier sur lequel écrire un nom, un projet ou une pensée sur laquelle se concentrer.»

> La collection «Totems Brutalistes» du designer Jimmy Delatour est à retrouver sur studiotwentyseven.com


Les sculptures lumineuses de Timothée Leclabart

Le Totem Axis, Baby Pink, est disponible en exclusivité chez Ketabi Bourdet Design. 
Le Totem Axis, Baby Pink, est disponible en exclusivité chez Ketabi Bourdet Design.  Timothée Leclabart / Jim Goldberg

A la façon des axes cosmiques, les piliers lumineux de la collection «Totem Axis» semblent relier l’énergie de la terre à celles du ciel. Leur designer, Timothée Leclabart, s’est formé auprès d’antiquaires renommés, notamment au sein de la galerie James. Il a lancé son studio en 2018 et a depuis exposé au PAD Paris et à l’Atelier Jespers, à Bruxelles.

La collection de luminaires dévoilent trois modèles intitulés «Mellow Yellow», «White Rabbit» et «Blue Moon». Composés d’une structure en résine, d’un socle en chêne et d’un néon LED, ils répondent à cette volonté de confronter «les matières dans un jeu de mouvements, de proportions et d’accumulations.» Le mot d’ordre du designer ? Ne jamais utiliser plus de trois matériaux dans ses productions.

Savant mélange entre la colonne sans fin du sculpteur Constantin Brâncuși et le miroir Ultrafragola du designer Ettore Sottsass, la structure de ces trois créations lumineuses rappelle la foudre qui frappe le sol les jours d’orage.

> Timleclabart.com


Le mobilier sculptural de Vince Skelly

À gauche, portrait de Vince Skelly. À droite, vue de l’exposition «After The Storm».
À gauche, portrait de Vince Skelly. À droite, vue de l’exposition «After The Storm». Justin Chung

Près de Portland aux États-Unis, Vince Skelly sculpte du mobilier en bois inspiré des constructions préhistoriques.

Passionné d’architecture ancienne et de design contemporain, il raconte : «Je voyais les sculptures d’art public comme de parfaits terrains de jeu, ce qui m’a amené à créer des sculptures avec lesquelles il est possible d’interagir.» Dix ans après avoir obtenu un diplôme en communication visuelle, le designer se lance dans la sculpture.

« Les pièces sont uniques en leur genre et il y a une vraie variété de couleurs, de grains et de textures.» Fasciné par le travail du sculpteur de bois et d’argile J.B. Blunk, Vince Skelly conçoit des chaises, des tables basses et même des tasses aussi sculpturales qu’utilitaires.

A l’occasion de l’exposition «After the storm», Vince Skelly dévoilait douze pièces de mobilier réalisées à partir de plusieurs variétés de bois —  cèdre, séquoia, mélèze et pin — collectées un jour de tempête. «Toutes les pièces de l’exposition sont à vendre et un pourcentage des bénéfices est reversé à une association locale à but non lucratif pour planter des arbres de remplacement» .

> Vinceskelly.com


Les totems poétiques de l’artiste Inès Mélia 

Vue des oeuvres de l’artiste Inès Mélia exposées à la galerie 75 Faubourg jusqu’au 7 octobre.
Vue des oeuvres de l’artiste Inès Mélia exposées à la galerie 75 Faubourg jusqu’au 7 octobre. Robert Brunton - Courtesy Éditions Sébastien Moreu / Noel Manalili

Artiste autodidacte, Inès Mélia a toujours eu un penchant pour la peinture. Il y a cinq ans, elle a entamé un travail de fond sur l’intimité et les préjugés. Exposées à la galerie 75 Faubourg, ses œuvres instaurent un dialogue entre peinture et sculpture.

Le cinquième tome de À la recherche du temps perdu de Marcel Proust — La Prisonnière — a grandement inspiré Inès Mélia dans la réalisation de ses totems Infinite Poems. Elle a notamment retenu cette citation : « L’amour, dans l’anxiété douloureuse comme dans le désir heureux, est l’exigence d’un tout. Il ne naît, il ne subsiste que si une partie reste à conquérir».

Enfermés dans des totems inspirés de l’univers du designer italien Ettore Sottsass, les textes extraits de livres abandonnés dans les rues de Paris questionnent la perte et la disparition. «J’aimais cette forme de mise en abyme : parler à la fois de la vie domestique et d’une histoire d’amour assez tragique. J’avais envie d’explorer cela à travers mes créations».

> Inèsmelia.com


Les luminaires géométriques de l’atelier Areti

La lampe 561OL-DO2 et le lampadaire 561OL-F01.
La lampe 561OL-DO2 et le lampadaire 561OL-F01. DR

Pour leur nouvelle collection «Elements», les sœurs Guillane et Gwendolyn Kerschbaumer, fondatrices du studio de design Areti, ont imaginé douze lampes sculpturales aux teintes pastel. Les quatre modèles métalliques de la série «Tube and rectangle» adoptent une ligne minimaliste et élégante.

A l’instar des totems, les lampes dégagent une forme de spiritualité : «Nos pièces sont destinées à avoir une certaine aura, en ce sens, leur apparence et leur composition peuvent avoir des similitudes».

> Atelierareti.com


La lampe totem en papier mâché de Palefire Studio

La lampe «Totem» de Palefire Studio est disponible en trois coloris.
La lampe «Totem» de Palefire Studio est disponible en trois coloris. DR

Fondé en 2021 par la designer anglaise Rowena Morgan-Cox, Palefire Studio a la particularité de mêler des références aux beaux-arts et au design, notamment par l’utilisation de notes de couleurs franches.

Le studio de design a imaginé «UV», une première collection de treize luminaires. Disponible en trois coloris, la pièce «Totem» est un clin d’œil aux œuvres du sculpteur Constantin Brâncuși et aux lampes en verre soufflé de Murano. Les formes triangulaires répétitives apportent un aspect théâtral à cet objet aux allures de colonne italienne.

Fabriquées à la main dans un atelier situé à Barcelone, les pièces en papier mâché — une matière éco-responsable — sont ensuite peintes dans le studio londonien avec des peintures naturelles. Pour éviter la surproduction, le studio adopte une démarche responsable et édite ses lampes uniquement sur commande.

> Palefirestudio.com