Home: En Australie, une fascinante maison passive de nouvelle génération

Marc et Felicity Bernstein-Hussmann ont créé le prototype d’une maison passive de nouvelle génération. D’étude de cas expérimentale à foyer familial accueillant pour le couple et ses trois enfants, elle témoigne d’une passion pour la construction durable et contemporaine. Elle est surtout la preuve qu’il est tout à fait possible de régénérer intelligemment de petites friches urbaines abandonnées, en Australie comme ailleurs.

Marc et Felicity Bernstein-Hussmann sont nés en Allemagne, le pays qui a vu émerger la maison passive. Apparu dans les années 80, ce concept optimise si bien les principes constructifs qu’il élimine quasiment le recours à des systèmes de chauffage ou de refroidissement. Là-bas, le couple a étudié l’architecture, puis mis à profit ses compétences aux quatre coins du monde avant de s’installer définitivement en Australie, en 2007.

Un mode de vie nouveau

Marc Bernstein-Hussmann, sa femme Felicity et leurs trois enfants. En tant qu’architectes, les parents combinent choix écologiques actifs, technologie et… luxe dans leur conception de maisons passives, destinée à réimaginer la construction durable de demain. Heureux mélange de sensibilité européenne et de décontraction australienne, l’aménagement défie aussi une nouvelle façon de penser. Les briques ont été collectées sur des sites de démolition alentour avant d’être nettoyées à la main.
Marc Bernstein-Hussmann, sa femme Felicity et leurs trois enfants. En tant qu’architectes, les parents combinent choix écologiques actifs, technologie et… luxe dans leur conception de maisons passives, destinée à réimaginer la construction durable de demain. Heureux mélange de sensibilité européenne et de décontraction australienne, l’aménagement défie aussi une nouvelle façon de penser. Les briques ont été collectées sur des sites de démolition alentour avant d’être nettoyées à la main. Marnie Hawson

« Avec notre agence, nous nous efforçons d’apporter des solutions innovantes pour contribuer à atténuer la crise climatique et faire de la vie neutre en carbone à travers des maisons à énergie zéro une référence de la discipline », explique Marc, qui, en 2011, a fondé avec sa femme l’agence Melbourne Design Studios, plusieurs fois primée. Ce nouveau mode de vie radical a gagné du terrain en Europe, mais demeure très modeste en Australie, où à peine une cinquantaine de structures sont certifiées. 

Le porche d’entrée est à la fois élégant et pratique, avec des rangements sous les assises et des penderies pour la vie quotidienne. À droite, un bureau inattendu se révèle derrière le panneau coulissant en chêne américain, teinté foncé, et offre un poste de travail supplémentaire, à côté du salon en contrebas. 
Le porche d’entrée est à la fois élégant et pratique, avec des rangements sous les assises et des penderies pour la vie quotidienne. À droite, un bureau inattendu se révèle derrière le panneau coulissant en chêne américain, teinté foncé, et offre un poste de travail supplémentaire, à côté du salon en contrebas.  Marnie Hawson

Et ces principes, Marc et Felicity Bernstein-Hussmann n’ont pas oublié de les appliquer à eux-mêmes. En 2017, ils acquièrent une maison à bardage métallique, en brique et en bois, sur un terrain de 250 m2, à Coburg, à 8 km du centre-ville de Melbourne. Le conseil municipal n’accorde pas de permis de construire et les banques sont frileuses. La famille s’installe dans un camping-car et économise tout en poursuivant inlassablement la planification des travaux pendant quatre ans.

Mélange de chêne américain et de marbre naturel dans la cuisine aux lignes épurées conçue par Felicity. Dans la salle à manger, table Mikado d’Alain Van Havre (Ethnicraft). Chaises à l’esprit très scandinave. Suspensions Hinaki, Koura et Kina de David Trubridge. Au mur, peinture de l’artiste Richard Dunn, un ancien architecte.
Mélange de chêne américain et de marbre naturel dans la cuisine aux lignes épurées conçue par Felicity. Dans la salle à manger, table Mikado d’Alain Van Havre (Ethnicraft). Chaises à l’esprit très scandinave. Suspensions Hinaki, Koura et Kina de David Trubridge. Au mur, peinture de l’artiste Richard Dunn, un ancien architecte. Marnie Hawson

Cette ténacité finit par payer et ce qui n’était au départ qu’une friche urbaine coincée entre deux immeubles et une ligne de chemin de fer va finalement se transformer en une architecture contemporaine de deux étages et demi. « Les maisons passives offrent un mode de vie nouveau avec des avantages environnementaux incroyables et des coûts d’énergie considérablement réduits, explique Felicity. Une température constante de 19 °C à 21 °C y est maintenue à l’intérieur, malgré un thermomètre qui peut descendre sous les 5 °C par ici. Nous sommes convaincus que l’innovation doit être associée de manière transparente au luxe, au bien-être et à la beauté. Il ne doit pas y avoir de compromis visuel. »

Durabilité en milieu urbain

Depuis le palier du premier étage, l’ouverture plein ouest réserve des jeux de lumière dans la cage d’escalier grâce au vitrage décoratif. Dans les chambres des enfants, l’impression de volume est renforcée par des filets très résistants tendus en hauteur ; très pratiques, ils ne cachent rien. Chaque recoin ainsi optimisé par constitue un espace de liberté supplémentaire. La chambre d’Anna-Lena est un havre de paix. Chez Joshua, comme chez Leon, hamac ou filets suspendus ajoutent à l’attrait ludique de l’aménagement. Ce salon cathédrale offre des vues sur la ville ainsi qu’une solution de retraite.
Depuis le palier du premier étage, l’ouverture plein ouest réserve des jeux de lumière dans la cage d’escalier grâce au vitrage décoratif. Dans les chambres des enfants, l’impression de volume est renforcée par des filets très résistants tendus en hauteur ; très pratiques, ils ne cachent rien. Chaque recoin ainsi optimisé par constitue un espace de liberté supplémentaire. La chambre d’Anna-Lena est un havre de paix. Chez Joshua, comme chez Leon, hamac ou filets suspendus ajoutent à l’attrait ludique de l’aménagement. Ce salon cathédrale offre des vues sur la ville ainsi qu’une solution de retraite. Marnie Hawson

Au départ, Marc et Felicity Bernstein-Hussmannont modélisés les plans en 3D afin de prendre en compte l’impact de chaque détail de conception : l’orientation pour maximiser les apports solaires, la ventilation transversale pour évacuer la chaleur en été et l’introduction d’un rafraîchissement naturel grâce aux brises humides provenant du jardin d’eau. La maison est construite sur une dalle en béton isolée en continu pour éviter les fuites calorifiques, notamment à la jonction des façades. L’isolation en fibre de bois stocke le carbone et atténue, elle aussi, les ponts thermiques ; de plus, elle est perméable à l’air contrairement aux matériaux conventionnels qui peuvent laisser se développer moisissures et condensation. 

La pente raide du toit a permis de réserver des volumes supplémentaires dans chacune des pièces du dernier étage. Marc et Felicity Bernstein-Hussmann admire la vue.
La pente raide du toit a permis de réserver des volumes supplémentaires dans chacune des pièces du dernier étage. Marc et Felicity Bernstein-Hussmann admire la vue. Marnie Hawson

Les murs et la toiture sont en bois lamellé-croisé (CLT) préfabriqué. Il ne faut qu’une semaine pour monter cette structure ! Le toit en pente raide a permis de créer un volume supplémentaire dans chacune des chambres d’enfants, avec des lits en mezzanine. Au rez-de-chaussée, une planification spatiale réfléchie a réservé des zones distinctes pour cuisiner, manger et se détendre. « Être connecté à la nature est important pour nous », déclare Marc. En témoignent les aménagements extérieurs particulièrement bien pensés, aussi. 

Plaisir des sens dans cette salle de bains tout en mosaïque en céramique et en douces volutes. Suspension Saturn en bois (Ilanel).
Plaisir des sens dans cette salle de bains tout en mosaïque en céramique et en douces volutes. Suspension Saturn en bois (Ilanel). Marnie Hawson

Cette maison passive pensée par Marc et Felicity Bernstein-Hussmann est la preuve vivante qu’une construction durable peut être compatible avec un emplacement urbain et une superficie restreinte au sol. À mesure que la crise climatique s’aggrave, la qualité, plutôt que la quantité, va devenir un objectif de conception toujours plus important. Avec le label Passivhaus, qui soutient les choix durables et renforce le sentiment de confort et de luxe, on ne peut s’empêcher de croire que cette nouvelle génération d’ouvrages dessinés par des architectes contribue à bâtir un avenir meilleur.

La chambre des parents communique avec le jardin du toit-terrasse. À l’intérieur, un panneau de verdure derrière le lit contribue à améliorer la qualité de l’air et augmente le sentiment de bien-être.
La chambre des parents communique avec le jardin du toit-terrasse. À l’intérieur, un panneau de verdure derrière le lit contribue à améliorer la qualité de l’air et augmente le sentiment de bien-être. Marnie Hawson